L'économie du pétrole bon marché

Issue d’une même molécule hydrocarbonée présente à différentes densités, le pétrole et le gaz restent aujourd’hui les sources d'énergie les plus utilisées dans le monde. Elles comptent en 2016 pour environ les 2/3 du mix énergétique mondiale.

La Russie et l’Arabie Saoudite en sont longtemps restés les principaux producteurs et exportateurs et les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie les principaux consommateurs.  En 2016 environ 94 millions de barils européens ont été consommés s'inscrivant dans une augmentation moyenne de 1,3 % an depuis 2006.

 

Source: 2017 energy outlook

 

Avec l'émergence de nouvelles technologies de production pétrolière non conventionnelles aux Etats-Unis, nous assistons depuis 2015 à une véritable révolution de l’équilibre mondiale de la production pétrolière.  Avec l'extraction du gaz de schiste, les Etats Unis sont devenus les premiers producteurs mondiaux en 2016 : 12,35 Mb/d produit, contre 6,8 Mb/d seulement 10 ans plus tôt. Ils développent actuellement leurs ambitions d’exportations vers l’Europe et l’Asie avec le premier tanker de LNG envoyé en 2016 vers la France depuis l’unité de liquéfaction Chênière Energy à Sabine Pass en Louisiane au Texas.

 

SOURCE : International Energy Agency’s World Energy Outlook (IEA WEO), November 2012. New policies scenario for US Oil production forecast.

 

Souhaitant conserver son influence internationale sur les prix du pétrole, l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC) a décidé en 2015 de garder les mêmes niveaux de production d’or noir malgré le pic de production observé en outre-Atlantique. Ceci a immédiatement entraîner  une chute massive des prix du brut à l’échelle du globe, passant d’un baril de Brent fluctuant autour de 115 US dollars en 2015 à environ 50 US dollars depuis le début d’année 2017.cela s’ajoute une forte volatilité sensible aux stratégies des principaux producteurs (OPEC, Russie, USA) et à leurs conséquences géopolitiques  (conflit en Ukraine, conflit en Syrie, isolationnisme soviétique, accords commerciaux Sino-Russes, investissements dans les énergies propres, etc.)

 

SOURCE : International Energy Agency’s, world oil production outlook 2016.

 

Afin que les grandes entreprises de production conservent leur compétitivité, la majorité des dépenses d’investissements pour le développement de nouvelles ressources (CAPEX des entreprises de production) ont été réduites au maximum afin de s’adapter à la plus importante chute des prix observée depuis plus de 50 ans.  Le développement très couteux d'installations offshore en mer profonde  a été stoppé net au détriment des investisseurs, la rentabilité du pétrole conventionnel a été réduite de moitié, les sables bitumeux Canadien ont été pratiquement abandonnés et le seuil de rentabilité de la production de Schiste tourne désormais autour des quarante dollars US. Ainsi nous avons aujourd'hui atteint une lutte économique internationale et permanente au sein de laquelle l’équilibre des prix dépend du e niveau de production des acteurs conventionnels Russes et du Moyen-Orient ; et du seuil de rentabilité des producteurs non conventionnel Américains.

 

Source: companies/ shell includes BG/ V. Flasseur/ Reuters/ 05/02/2016

 

Plusieurs mois voire plusieurs années s'écoulent généralement entre la découverte d’une nouvelle réserve et sa mise en production. À cette allure l’industrie pétrolière ne peut se permettre un arrêt de développement des nouvelles ressources sans mettre en péril ses objectifs de production sur le long terme. L’équilibre des prix se joue aujourd’hui sur le facteur production : Chaque acteur tire son épingle du jeu dans un contexte de dérégulation total où l’OPEC perd peu à peu son influence, où la Russie se détourne de l’Europe, où les Etats-Unis maximisent leur production et où la Chine n’a pas encore clairement dévoilé ses ambitions ; sans même évoquer le développement des énergies dites propres. Le déséquilibre énergétique mondial est désormais incontestable.

 

BP statistical review 2017 ;

BP energy outlook 2017 ;

IAE International Energy Agency, world energy investment 2017 ;

Cheniere Energy ; annual report 2016,

ExxonMobil ; annual report 2016