Le retour de l'inflation en Europe?

Qu'est-ce que l'inflation ? C'est l’augmentation durable et auto-entretenue des prix des biens et des services générées par l’accroissement de l’activité économique et de la circulation monétaire.

Plus l’activité est forte; plus la demande augmente, plus les prix montent. Afin de soutenir cette croissance il est donc nécessaire d’injecter des liquidités monétaires sur les marchés via les banques centrales tout en évitant  un processus sur-inflationniste occasionné en cas de trop grande émission. C’est le rôle des banques centrales envers les banques prêteuses via le taux directeur du crédit.  Le taux d'inflation est ajusté mensuellement en fonction des observations et prévisions économiques. Les économistes s’accordent généralement pour convenir qu’une inflation globale entre 2 et 4% à l’année traduit une bonne santé du cycle économique de la zone géographique représentée.
 

Le montant des taux d’intérêts est la composante principale de l’inflation d’une économie : plus les taux d’intérêts sont faibles, plus la demande de crédit est importante et plus les prix augmentent. D'autres facteurs déterminent cependant la fluctuation des prix: le niveau de concurrence, l’indice de confiance, la maturation de l’économie, son niveau d’innovation, etc. La politique interventionniste de la banque centrale Européenne (BCE) ou Américaine (la FED) n’est donc pas  l’unique facteur de variation. La confiance entre les différents acteurs d’échanges, qu'elle que soit leurs tailles, reste capitale pour un niveau d'inflation stable.

 

SOURCE : http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/03/03/en-zone-euro-l-inflation-est-au-plus-haut-depuis-quatre-ans_5088536_3234.html



L’Europe connaît depuis 10 ans une inflation historiquement basse et partiellement négative en Juillet 2009 et en Octobre 2014. La venue en 2008 de la plus grosse crise financière de l’histoire a laissé des marques profondes. En février 2017, l’inflation en zone euro a progressé de 2% sur un an et de 1,8% un an plus tôt. Ce taux a par exemple atteint 1,4 % en France et jusqu'à 3% en Espagne. Ceci illustre une reprise économique fiable suite au succès des politiques monétaires de la BCE face au spectre d’une spirale déflationniste.

La volatilité des prix étant très disparate d’un produit ou d’un secteur à l’autre, ce regain d’inflation découle principalement de l'importante hausse des prix du pétrole brut Européen (le Brent) à hauteur de 20 %.

Cependant l'état de santé économique d'une zone géographique est davantage représentée par une inflation dite sous-jacente. Celle-ci est obtenue par exclusion des prix les plus volatiles (commodities et soft) qui représentent exclusivement la hausse de consommation due, par exemple, à une hausse des salaires. Celle-ci peut alors consolider le carnet de commande des entreprises à travers la dépense privée des ménages. Hors globalement les salaires ont tendance à stagner, surtout dans les pays du Sud (Espagne, Italie, Portugal). C’est donc la baisse de compétitivité et donc de la marge des entreprises qui reste prépondérante dans un contexte de concurrence internationale accrue et en l'absence de droit de douane interne à la zone Euro vis-à-vis de la Chine ou des USA.

 

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SOURCE : Datastream Natixis AM ; philippewaetcher.nam.natixis.com


SOURCE: http://www.strategie.gouv.fr/point-de-vue/programme-dachats-dactifs-bce-un-premier-bilan



Considérant uniquement le pouvoir d’achat, l’inflation est inquiétante puisqu'elle signifie une augmentation des prix sans augmentation de salaire.  Cependant si l’inflation contribue à la baisse du chômage et donc à une sortie de la précarité, cela peut contribuer à une hausse des revenus les plus précaires. L'inflation peut  faire baisser la valeur de l’épargne des ménages mais elle allège en revanche le poids des crédits immobiliers. Il est donc difficile de déterminer précisément les impacts de l’inflation Européenne sans prendre en compte l'ensemble de ces mécanismes. L’Italie, par exemple, subit un taux de chômage croissant contrairement à la France ou au Portugal qui voient leurs situations s’améliorer doucement.

D’un point de vue macro-économique la BCE poursuit sa politique de rachat de dettes des banques à hauteur de 80 Milliards de dollars par mois et soutien ainsi les prix et l’activité des banques privées tout en limitant la hausse des taux d’intérêts pour le soutien à la consommation des ménages.

Malgré les points positifs de cette politique, cela ne fait pas l'unanimité ,particulièrement outre Rhin où ce système alimente une bulle immobilière et réveille le possible spectre de l’hyperinflation.

Le processus d’inflation et ses conséquences sont particulièrement complexes à comprendre et à analyser. On observe malgré tout que la politique de le BCE fonctionne et que la confiance en l’économie se remet doucement en place depuis 2008.. La déflation est désormais contrée mais il faut à présent limiter au mieux le processus inverse de sur-inflation.


SOURCES :
Lemonde.fr/ l’inflation au plus haut depuis 4 ans/ mars 2017
Bloomberg.fr/ économie/ inflation zone Euro 2016
INSEE 2017/ economie/ France/ Euro
BNP paribas.net/ economic-research/ britannictomie/ Avril 2017